sábado, dezembro 06, 2003 Madame Bovary, c'est moi
J'ai voulu être le plus fidèle possible au texte de l'auteur. J'essaie de faire le film qu'il aurait fait s'il avait eu une caméra au lieu d'une plume.
Il fallait que j'arrive à le faire pour pouvoir continuer à me regarder dans la glace. C'est une nécessité profonde, parce que Madame Bovary correspond à mon rêve d'œuvre d'art, où fond et forme ont autant d'importance l'un que l'autre et s'exaltent réciproquement. Le roman contient dans un récit limité et daté une sorte de condensé de toute l'histoire du monde. C'est une de ces œuvres qu'il ne faut pas toucher, à moins d'avoir la folie d'oser. Comme Gustave Flaubert, il m'est arrivé de passer l'après-midi à rajouter une virgule que j'avais mis la matinée à supprimer. Il y a très peu de dialogues dans le livre, mais tous les dialogues du film sont des phrases de Flaubert. J'ai travaillé sous l'œil de Gustave, un portrait qui me regarde tantôt avec bienveillance tantôt avec sévérité.
Pierre-Marc de Biassi, "Un scénario sous influence" extrait d'un entretien avec Claude Chabrol: in "Autour d'Emma Bovary", Hatier, collection "Brèves de cinéma"