Début de cauchemar dont je ne puis absolument pas me rappeler:
«L'atelier de Breton. Celui-ci marche de long en large du piano à la fenêtre.
«Il dit des choses d'un tragique absolu, dans une atmosphère d'angoisse absolument inouïe, à Morise assis sur le canapé contre le mur. Simone Breton ni Vitrac ni moi n'étions là: je me suis inquiété de savoir si Simone et Vitrac étaient là et m'étonnai même de leur absence; quant à moi je n'étais pas là et cette partie du cauchemar était de l'ordre de la voyance à distance ou de la projection cinématographique.»
Je me suis renseigné le soir du 25-9-22 auprès de Morise et de Breton: à 7 heures du soir le 24 Breton avait développé à Morise ses idées sur la ligne nouvelle à suivre en général et son opinion sur M. Duchamp en particulier. Conversation d'un tragique réel pour André Breton et ses amis. Ce cauchemar commencé après 22 heures (heure du coucher) se termina avant 23 heures (heure d'un réveil en sursaut) pour reprendre vers 24 heures et approximativement et se terminer par une sorte d'inondation de couleurs de la consistance d'un fluide.
Robert Desnos, Nouvelles Hébrides et autres textes