Mezzo > Musique autour du monde > Monajat Yltchieva > 20h45
Documentaire musical (1999, 52’) avec Monajat Yltchieva (chant), Shawqat Mirzaêv (rabâb : luth), Shorat Razakov (sato, dôtar : luth), Nadir Alikoulov (doïra : tambour), réalisation : Marc Bissot et Didier Mertens. Coproduction Eva 1 Communication, Parallèles Produc-tions et Mezzo.
La Belle et l’Implorante De la fertile plaine de Ferghana (sa terre natale) au Théâtre de la Ville en passant par Tachkent (capitale ouzbek) où elle réside, Monajat Yltchieva chante sans concession le shash maqâm des origines de la musique savante d’Asie centrale. Mais le respect des traditions ancestrales a chez elle une autre saveur, son interprétation est unique, car sa voix — et ce qu’elle a appris à en faire — n’a pas d’égal. Ses parents la nommèrent Monajat, « Supplique », alors que leur pays appartenait à l’URSS, leur prière pour retrouver la liberté.
Lorsque les fleuves AmouDaria et SyrDaria déferlaient fièrement à travers les terres ouzbeks pour engendrer la mer d’Aral, lorsque Tamerlan le Boiteux défit les Mongols, soumit la Perse et conquit la Turquie, lorsque Samarkand s’auréolait des coupoles turquoises de ses mosquées et rythmait la Route de la soie… Le temps a passé, s’est figé parfois, quand l’Union Soviétique bâillonnait la tradition. Lorsqu’aujourd’hui Monajat Yltchieva chante, c’est un torrent qui gronde, c’est un ruisseau qui coule, c’est la supplique que ses parents inscrivirent en elle qui a été entendue : l’univers musical et quatorze fois centenaire de l’Ouzbékistan s’est enfin ouvert au monde.
Marc Bissot et Didier Mertens ont réalisé, en suivant Monajat Yltchieva d’Orient en Occident, d’Occident en Orient, une traversée extraordinaire. La voix de cette femme, la musique de ce peuple, les paysages et l’architecture, les textes qui enveloppent les images : tout porte la marque sacrée et invisible d’une beauté hors du temps.
« J’essaie de chanter avec mon coeur, pas avec ma voix, mais avec… les tourments de mon âme » dit Monajat Yltchieva. Elle qui dut lutter et travailler pour affirmer une identité, une manière propre de chanter, pour assurer à la musique traditionnelle ouzbek la pérennité, donc la vie.