Je voulais interpréter un hymne au triomphe de l'âme sur la vie
D'avance, j'ai été conscient des exigences propres à ce projet. Traiter le sujet à la manière des films à costumes aurait peut-être pu permettre de décrire le XVe siècle et son environnement culturel, mais cela n'aurait abouti qu'à susciter une comparaison avec d'autres époques. (...)
Je voulais interpréter un hymne au triomphe de l'âme sur la vie.
Ce qui irradie des étranges gros plans vers le spectateur, qui en est peut-être saisi, n'a pas été élaboré par hasard. Toutes ces images expriment le caractère de la personne qu'elles montrent et l'esprit même du temps. A la vérité, j'ai sacrifié les "embellissements". Mes acteurs ne devaient pas toucher aux fards et aux houppes à poudre. Pour la construction des décors également, je rompais avec la tradition: dès les premières prises de vues, j'avais déjà fait faire aux architectes l'ensemble du décor, et préparer tout le nécessaire; toutes les scènes, de la première à la dernière, furent filmées dans leur ordre chronologique.
Rudolf Maté qui dirigeait la caméra, comprenait les exigences de la psychologie dramatique des gros plans, et il m'a donné cela même qui représente ma volonté, mon sentiment, ma pensée: de la mystique réalisée.